Archives mensuelles : mai 2019

Cédric PHILIPPE et mat !

Ici un article en mode entretien sans aucune rencontre… Interview e-mail pour le dire en anglo-saxon quasi germanique… (Entretien courriel, aussi pour le francophone avec le dessinateur Cédric Philippe…) Nous y évoquons son projet d’exposition et d’ouvrage « La petite épopée des pions », réel travail autour des damiers et du jeu d’échecs…

Chers lecteurs, tout d’abord, « Dobrý den » pour « bonjour » en tchèque… donc en slave ; « ça va-gnin? ça va ou bien ? » pour le dire en jurassien ! (Historiquement la manière dont HFT salua son public à la Saline Royale d’Arc-Et-Senans, Doubs, pour une prestation publique aux côtés d‘Aldebert il y a quelques années…)

Pastille issue du site Web de l’artiste.

Màxim Pozor :

Comment t’es venue l’idée et les inspirations de ton projet ? La librairie semble avoir proposée le concept à la médiathèque de Saint Claude mais comment ensuite vous êtes vous organisés autour d’un tel écrin ?

Cédric Philippe :

L’initiative vient de Françoise, de la Médiathèque du Dôme, qui avait beaucoup apprécié le livre La petite épopée des pions (texte d’Audren, illustration de moi-même, aux éditions MeMo). Elle m’a contacté, nous nous sommes rencontrés et avons établi ensemble un florilège d’événements autour du livre : l’exposition des illustrations originales, une succession d’ateliers créatifs et de rencontres avec des classes ayant travaillé sur le livre en amont, et une conférence pour clore le cycle où j’expliquais la création de mes autres romans, Les Fleurs sucrées des trèfles (à paraître en janvier) et S’il nous pousse des ailes, la trilogie sur laquelle je travaille en ce moment.
Rencontrer en personne les lecteurs et partager le processus de création sont deux choses importantes pour moi. Il s’agit des rares moment où l’on peut avoir des avis directs sur nos histoires et sentir comment elles sont reçues. Le livre est un objet merveilleux mais l’instant où il prend réellement vie, lorsqu’il est lu, a lieu loin de ceux qui l’ont créé et souvent des mois après la création. Or sentir ce qui se passe lors de cet instant est crucial pour pouvoir ensuite évoluer dans les prochains ouvrages : changer ce qui n’a pas marché, inventer de nouvelles manières de dire ce qui n’a pas été compris et aussi, et c’est peut-être le plus important, apprécier dans les yeux des gens cette étincelle qui montre que ce qu’on a partagé les a émerveillé ou transporté ou grandi.

Extrait du livre « La petite épopée des pions »
Couverture
du livre « La petite épopée des pions »

Màxim Pozor :

Y-débute à la médiathèque de Saint-Claude (au commencement d’avril 2019) des interventions de ta part. Tu nous raconteras ? Tu pourrais même nous révéler avant si tu as des attentes ou si c’est juste une intervention sans lendemain ?

Cédric Philippe :

Lors des ateliers créatifs, je partageais des méthodes simples pour imaginer des histoires particulières et les réaliser par le dessin et l’écriture. Certaines de ces astuces proviennent de Gianni Rodari et de sa Grammaire de l’Imagination, que je cite parce que c’est un excellent livre pour quiconque s’intéresse aux processus imaginaires, à l’utilité de la création en société et aux moyens simples et ludiques qui existent pour inventer seul ou à plusieurs des histoires extraordinaires.
Les adultes et les enfants participants aux ateliers ont été formidables, ils ont inventé l’extincteur qui lance des poulets sur les incendies (les poulets grillent parfaitement de cette façon), une famille de bicyclettes dont le rêve est de faire un salto arrière, les nuages à la bergamote ou encore un pays où les habitants mangent de l’argent et paient avec de la nourriture. Je ne me souviens plus de toutes les idées et d’ailleurs, je n’ai pas eu le temps de toutes les voir.
Cela peut sembler absurde, mais c’est aussi ce genre d’idées ou de regard dont, je crois, notre monde a besoin pour prendre du recul, se poser des questions naïves mais primordiales, rigoler ensemble, rester curieux et refuser parfois ce flux de merde qu’on nous enfourne par les yeux, les oreilles et le reste, tellement de merde qu’on se sent même plus que ça pue.

J’ai donc des attentes vis-à-vis de ces ateliers et conférences, qui ne sont qu’une poignée parmi une longue série (mais une goutte d’eau dans l’océan). J’espère secrètement qu’ils plantent des graines, que les participants rentrent chez eux avec ces graines et que ces graines leur seront utiles pour trouver un bonheur qui leur correspond et aider d’autres personnes à trouver un bonheur qui leur correspond et que ce bonheur soit une base stable pour de futurs bonheurs.

Galerie vrac entre expo in situ et dessins créés et offerts par C. Philippe, et vues de Saint-Claude annexes…

Màxim Pozor :

Et puis donc nous parlerais-tu des extérieurs, Prague, Strasbourg ? D’autres ?

Cédric Philippe :
J’ai vécu à Strasbourg et Prague, je viens du Jura et j’habite à Prague. Je ne sais pas trop quoi en dire, à part que ce sont des endroits magnifiques et où il fait bon vivre quand on a assez d’argent.

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La cathédrale de Strasbourg est sensationnelle. Les montagnes jurassiennes aussi. Contrairement à la culture française, la culture tchèque s’exporte peu et regorge de trésors. Si vous venez à Prague, qui que vous soyez, contactez moi via cedricphilippe@yahoo.fr et j’essaierai de vous en montrer quelques secrets.

Màxim Pozor :

Il y aurait des dizaines de références en commun avec moi même Màxim Pozor, Prague,le jeu d’échecs, le noir et blanc dans le graphisme comme l’audiovisuel…

Cédric Philippe :

Je ne connais malheureusement pas encore votre travail, Màxim Pozor, mais vous m’intriguez. Votre écriture sort des sentiers battus et c’est très agréable.

Au niveau de l’histoire et des dessins, Les Moomins, ces ROMANS de Tove Jansson (il y en a 7 ou 8)(j’insiste sur ROMANS parce qu’il en existe aussi des dessins animés et des albums illustrés) m’ont inspiré enfant et m’inspirent toujours. Les Moomins vivent dans une vallée au bord de la mer environnés de Touilles, de Mumes, d’Émules et d’autres créatures et vivent des aventures en apparence simples mais rocambolesques. Les relations entre les personnages sont d’une profondeur suprenante. Ils mangent des épines de sapin au dîner précédant l’hiver pour ne pas hiberner le ventre vide.
Pour les dessins en noir et blanc, je m’inspire aussi de photos du siècle dernier, celles de Lewis Carroll par exemple, mais je préfère puiser ailleurs que dans les images. La musique minimale m’aide parfois à construire les rythmes de mes illustrations. Le sport m’aide à oser et pousser mes limites quand je dessine.
Je crois qu’il est difficile de cibler véritablement ce qui nous entraîne dans la vie sur telle ou telle idée, tel ou tel style, telle ou telle forme de bec d’oiseau ou tel stylo pour faire un trait.


 » La dernière image fait partie des recherches pour la trilogie de romans sur laquelle je travaille en ce moment. »

Merci pour ces questions, et merci à celles et ceux qui lisent cette interview !
Je crée aussi des vidéos et des spectacles en parallèle des romans, dont une partie est visible sur mon site : http://cedricphilippe.com

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