"L'avantage de la radio sur le cinéma, c'est qu'à la radio l'écran est plus large." Orson WELLES. _________<<<——<< média tout culturel poético-philosophique >>——>>>_________
Màxim Pozor : Comment et à quelle époque est née Black-out ?
Fabrice Garcia-Carpintero : J’ai créé Black-out en 2006, pour avant tout partager mes écrits avec mes potentiels lecteurs, puis je me suis vite ouvert à d’autres auteurs, comme Christian Brissart par exemple, que j’édite depuis le début de l’aventure, au rythme d’un à deux titres par an. Ma première collection était centrée sur la nouvelle noire ;
aujourd’hui, la ligne éditoriale est toujours axée sur la littérature noire, mais déclinée sous de nombreuses formes (roman, théâtre, jeunesse, etc.).
Màxim Pozor : En es-tu l’initiateur ?
Fabrice Garcia-Carpintero :Oui, et je suis encore le seul à faire tourner la boutique, je sous-traite seulement les corrections qui me prennent trop de temps, et – évidemment – la création des couvertures, par des artistes comme Alexis Horellou, Léonie Charmot, Thomas Agnellet… ainsi que l’impression des exemplaires (bien qu’il m’arrive de créer certains titres en interne, notamment les tirages limités, numérotés) ; tout le reste : lecture/relecture/re-relecture, gestion des contrats, mise en page, design couverture, gestion du site internet, promotion, événementiel, diffusion, distribution, etc. est à ma charge, j’ai donc de nombreuses casquettes, et c’est en partie grâce à cela que j’apprécie vraiment mon métier, il faut être motivé et – par-dessus tout – passionné.
Màxim Pozor : Comme nous avons eu connaissance de Black-out avec Richard, peux-tu illustrer ton travail avec un auteur en racontant le votre ?
Fabrice Garcia-Carpintero :C’est simple, mais tout peut varier d’un auteur à un autre, par exemple, pour Christian Brissart, notre collaboration est issue d’une rencontre lors d’une scène ouverte Slam, je me suis rapidement intéressé à ses textes déclamés, et il m’a alors sollicité avec un recueil de nouvelles noires qui correspondait parfaitement à cette fameuse collection qui a initié la maison d’édition. Dans un autre exemple, et pour reprendre ce que j’ai énuméré plus haut : un manuscrit est proposé, par mail ou courrier, je m’attache d’abord à la présentation – le synopsis – du livre et le CV de l’auteur… Pour Richard Palachak, j’avoue que le parcours professionnel a suscité ma curiosité… Le sujet et la forme aussi, des nouvelles noires, encore. Après lecture des premières pages, je me suis dit qu’il s’agissait d’un auteur potentiel pour Black-out. Ont suivi : la proposition d’un contrat à compte d’éditeur (c’est toujours le cas chez Black-out), la demande de subvention pour parution au Conseil Régional de Nouvelle Aquitaine (subvention accordée, gage de la qualité de l’ouvrage), les relectures par le correcteur, la création de la couverture par Alexis Horellou, l’illustration des nouvelles par les photos de Simon Woolf pour coller à la présentation générale de la collection, et après validation de l’auteur, l’impression. Puis la vie du livre se poursuit, en salon, en dédicace, en librairie, sur internet, etc.
« Imposteurs » ou comment les éditions passent à la production audiovisuelle, via Kervarec’h (auteur, entre autres, du thriller médiéval « Le Chevalier oublié »).
Màxim Pozor : Est-ce similaire avec les autres auteurs de l’écurie ?
Fabrice Garcia-Carpintero :C’est toujours variable, certains sont venus à ma rencontre sur des salons, d’autres m’ont proposé seulement des ébauches de projet, qui m’ont semblé suffisamment intéressantes pour être menées intégralement, et nous les avons alors travaillées ensemble… Il m’arrive aussi d’adapter certains livres au théâtre ou au cinéma et inversement, de trouver une pièce géniale et de l’éditer ensuite.
Màxim Pozor : Peux-tu nous indiquer d’autres auteurs ou un détail sur chacun de « tes poulains »?
Fabrice Garcia-Carpintero :C’est compliqué car ils sont nombreux, je donnerai quelques exemples en plus des deux cités précédemment :
*Alexandre Josse, auteur de théâtre, directeur du théâtre des Gavroches à Brive-La-Gaillarde, dont j’ai édité trois pièces et pour qui j’ai produit une captation, celle de sa pièce « L’Odyssée d’Al ». Son dernier titre est « Rutabaga, poils de chat et barbe à papa… », c’est le deuxième titre de ma collection jeunesse « Jeune Frisson ». Alexandre était, il y a peu, à la foire du livre de Brive pour présenter sa dernière parution.
* Charlotte Clémandot est l’auteure de « L’or maudit des Rocheuses », premier titre de la collection « Jeune Frisson », illustré par Fabrice Couvidoux, un western fantastique et féministe sous la forme du journal intime d’une jeune fille de 12 ans, obligée de suivre son père et la ruée vers l’or, depuis Chicago jusqu’au pied des Rocheuses…
*Kervarec’h, auteur de thrillers historiques : un titre médiéval « Le chevalier oublié » et un titre historico-fantastico-steampunk « Imposteurs » en cours d’adaptation sous forme de série cinéma, pour plus d’informations rendez-vous ici : https://fr.tipeee.com/imposteurs
*Marc Bruimaud, auteur du recueil de nouvelles « Ici » paru dernièrement, et du « Cycle de Catalpa »,genre de série noire américaine de 7 tomes, dont les deux premiers sont sortis : « Tijuana » et « Catalpa », le prochain, intitulé « Loin de Tijuana », devrait paraître début 2019.
*Maxime Sodji, chirurgien, auteur de pièces de théâtre en collaboration avec ses patients, dans le cadre d’ateliers de théâtrothérapie. J’ai édité et produit sa pièce « Dame Ô », sur l’obésité, la grossophobie, une pièce primée : meilleur projet participatif français 2014, prix de santé publique CPAM, mention spéciale au prix « Talent de Patient » ; sa seconde pièce, « Petit clandestin en mère », sur le déni de grossesse, est à paraître courant 2019, elle est également en cours de production.
*Pierre Frémont, auteur de polars régionaux, seul auteur régionaliste de la maison d’édition, il était édité auparavant au « Bruit des autres » qui a fermé boutique il y a deux ans, j’ai alors accepté, avec grand plaisir, de diffuser et distribuer ses livres, notre collaboration s’est confirmée avec son dernier titre paru chez Black-out : « Fille de joie pour fils de pute », un polar dans le milieu du proxénétisme limougeaud.
Et il y en a encore beaucoup d’autres, tout aussi méritants… La maison d’édition compte aujourd’hui une cinquantaine de titres avec un rythme de 6 à 8 titres par an…
Si comme nous vous suivez Richard avec allégresse, vous savez bien sûr que son premier recueil de nouvelles, « Kalache », vient de paraître. Par contre vous ignorez peut-être que l’on peut le trouver sur Amazon, ou encore que l’auteur sera présent au salon du livre de Bruxelles pour le dernier week-end du mois en cours et même un peu plus en amont (du 21 au 25 février 2018).
Mais à l’honneur, ce sont bien les éditions BLACK-OUT qui publient ce livre, ce bel objet, valeur refuge, et le géant de la distribution nommé ci-dessus n’est qu’un distributeur.
L’accroche et le travail de Black-Out :
NOUVELLES NOIRES
Kalache – Richard Palachak, Simon Woolf
Le premier recueil de nouvelles de Richard Palachak vient de paraître aux éditions Black-out, de la littérature noire pure souche, cynique, désabusée, violente, bourrée d’humour noir, et parfois si belle… Le tout ponctué de poèmes :
Crépuscule halluciné
Je sors de mon corps
Et m’évapore
Chaque nuit
Dans le charbon de mon âme constellée
A la recherche de ton astre en ballade
Et je rêve que tu me prends par la main
Et que tu m’entraînes
Du côté du Krasnaïa Plochtchad*
Où nous dansons
Où nous nous aimons
Où nous existons
Enfin
Mon frère d’oubliance
Tu sais très bien que l’onirisme se meurt
Déjà
Et que le cauchemar du jour recommence
Car tu n’es pas là.
* Krasnaïa Plochtchad : Place Rouge en russe, graphie latinisée
Nous avons laissé notre auteur / éditeur Richard Palachak il y a peu… L’actualité s’amplifie pour lui, nous en reparlons.
C’était d’ailleurs à propos de ses collaborations amies, alors reprenons là où nous nous étions arrêtés :
Dàrio : à l’instar du photographe Simon Woolf, peux-tu me parler de Charles Krug ?
Richard Palachak : tu as mis le doigt sur deux artistes qui me sont chers. D’abord parce qu’ils débordent de talent, ensuite parce que ce sont des personnes d’une générosité et d’une bienveillance extraordinaires, de véritables amis en somme. Simon Woolf est un artiste photographe professionnel originaire de Strasbourg qui possède un style unique, un univers fascinant et quasi-onirique, qui transmue la réalité en « peinture ». Je suis fier qu’il ait accepté de m’accompagner dans mon aventure littéraire, tout d’abord en illustrant ma chroniques « fragments de nuit, inutiles et mal écrits » sur le site de la maison d’édition Blackout, ensuite en illustrant les œuvres (recueils de nouvelles et romans) qui vont être publiés chez Blackout. Puis il y a Charles Krug, un pianiste à la fois génial et fou (dans le bon sens du terme), formé à l’école russe par un mentor d’exception et au conservatoire. Après toute une vie consacrée à l’étude des plus grands compositeurs, Charles s’est exilé quelques temps au Canada pour créer une œuvre complète formidable, utilisée notamment dans un cadre audio-visuel, pour les besoins du cinéma et de la télévision. Reconnu de ses pairs et des amateurs de musique classique, il se consacre aujourd’hui essentiellement à la transmission de son savoir et (car je le sais) à la recherche de celui ou de celle qui sera digne de recevoir ses enseignements de « maître Jedi »… (rires). J’ai beaucoup de chance de l’avoir comme ami et nous nous vouons une admiration réciproque. Il a bien évidemment participé à une série d’articles qui lui ont été consacrés sur Rich and Co Editions.
Richard Palachak : Une chouette vidéo, réalisée grâce à mes amis Artistes qui ont collaboré au projet Rich and Co. Vidéo à regarder jusqu’au bout (surprise) et avec du bon son. Si je vous l envoie, c est que je crois en votre sensibilité artistique. Grobi. Rich (n hésitez pas à partager)
Richard est originaire de Slovaquie et a atterri à Vesoul. Il est écrivain. Voici un entretien de celui dont le parcours a débuté comme poète édité dans sa jeunesse au niveau régional, puis au niveau national en tant qu’auteur de nouvelles et de romans aux éditions Black-out. Aujourd’hui, il publie également des ballades artistiques sur son webzine culturel Rich and Co Editions, où il se consacre entièrement à la mise en lumière d’autres artistes, venus de France ou d’Europe, en collaboration avec eux, dans des univers aussi variés que la peinture, la sculpture, la photographie, la littérature, le tatouage, les arts urbains et alternatifs, etc…
Dàrio : à quel âge as-tu commencé à lire sérieusement? Peut-on parler de capital culturel (familial)?
Richard Palachak : je m’en souviens précisément. J’avais à peine 13 ans. Le déclic, ç’a été lors de vacances en Bretagne avec le père (J.) d’un ami (B.), et toute une ribambelle d’enfants. C’était un personnage très charismatique, un papa freudien, avec la stature patriarcale, le gros ventre et la barbe blanche… Il m’a confié le recueil de nouvelles « Deux amis et autres contes » de Maupassant et j’ai vécu une sorte de révélation… Pour le capital culturel je ne sais pas, la question mériterait une thèse…
Dàrio : quand as-tu commencé à écrire ? De la poésie d’abord ? Et peux-tu me décrire tes débuts en tant qu’édité ?
Richard Palachak : ainsi me raconter comment en être venu à éditer ? Au collège, comme je suis arrivé tardivement en France, j’étais une bille en français. Mais bizarrement en poésie, j’obtenais toujours la meilleure note, au grand désespoir des premiers de la classe. Quant à l’édition, c’est une histoire de rencontre humaine je crois. La relation éditeur/écrivain a quelque chose de passionnel et de réciproque. Il y a une alchimie qui se crée et qui est inexplicable. Sinon, je ne suis pas un éditeur proprement dit.
La Plate-forme interculturelle Rich&Co Editions porte le nom d’édition pour se différencier des blogs d’Art et de Littérature. Notre contenu est exclusif et collaboratif. On crée des articles qui sont quelque part des œuvres à part entière, co-construites avec les artistes que l’on publie de manière exclusive et originale. C’est en cela que l’on peut se permettre de s’appeler Editions.
Dàrio : quel est ton top dix, cinq ou trois de livres ?
« Un mélange d’avancement trop rapide et de passé immuable, où les buildings côtoient des vestiges médiévaux et le gigantisme soviétique des quatre voies en lacets bouclés. Puis des blocs administratifs d’entreprises du monde entier, le château et son Stare Mesto pittoresque, un océan d’immeubles déglingués à perte de vue, le beau Danube bleu qui vire au marron sous la pollution des picaillons européens, des centres commerciaux féroces et titanesques, des usines de tout et de rien et surtout de partout, des zones d’activité cyniques et démesurées, les fameux trams et trolleys rouges plus explosifs et plus forcenés que jamais, les bagnoles toujours plus fumeuses et les antennes relais toujours plus populeuses, et les éoliennes vertigineuses qui poussent sur le terreau moisi la piétaille empressée, du bordel et du bruit, des odeurs acres et des visions stroboscopiques, autrement dit le futurisme malhonnête et la nostalgie artificieuse, le tout gribouillé sur un même faux papier jauni de liseuse numérique dégénérée, convulsionnant l’avenir dans la nuit du Nouveau Monde. » Richard Palachak
Dàrio : peux-tu me parler et identifier ton travail avec Black-Out éditions ?
Richard Palachak : la rencontre entre un éditeur et un écrivain est affaire de connectivité et d’affect réciproque. J’adore le travail de Black-out Editions, et je pense que mon éditeur apprécie également le mien. Actuellement, on réalise une chronique hebdomadaire sur le site de la maison d’édition tous les mardis, « Les Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits », en collaboration avec mon ami photographe Simon Woolf (dont je suis un fan absolu). Un recueil de Nouvelles sortira en début d’année 2018 (toujours illustré par Simon Woolf) et la suite en 2019. Après on verra, on se laisse porter. Il y a plein de projets, d’idées possibles et imaginables. J’ai déjà 2 romans d’avance et mon éditeur a plus d’un tour dans son sac. Je suis persuadé que l’histoire ne fait que commencer.