Archives mensuelles : décembre 2014

Futebol, c’est la vida qui est là !

à Jean-Luc B., à Maxou B., à Marcelo B. à  et au magazine SO FOOT

Cet article complètement subjectif est un appel à témoins pour les plus puristes et critiques et fans d’entre-vous… La culture est partout !

Lorsqu’un seul sport cristallise un amas de cultures et d’anecdotes autant que le football, vieux sport anglo-saxon en perpétuelle évolution, qu’il déchaine autant de passions et de haine à son endroit, votre serviteur Dàrio se devait de vous en faire part par le menu, de son point de vue personnel…

C’est à dire que les premiers souvenirs d’un type de 35 ans remontent à 1986 et le France-Brésil du mundial mexicain, à presque six ans, une télévision trônant dans un méchoui de rase campagne et le penalty de Michel Platini manqué lors de la séance de tirs aux buts... [un quart de finale de coupe du monde victorieux pour la France devant l’une des plus belles équipes de tous les temps…!]

On touche à l’enfance et ses souvenirs de trois décennies, à la psychologie, à l’inconscient aussi ; ce qui est certain c’est le charme et la mémoire intacte de ce format 4/3 de l’image aux couleurs saturées…


Pour les gourmands, voici l’intégralité du match ! Michel Drucker commentateur, un 21 juin (anniversaire de Michel Platini), date de libération d’otages à Damas ! Nous ne nous étendrons cependant pas sur cette imbrication entre football, géo-politique, pognon & compagnie tout au long d’une vie de « footix » !!! Ici un moment audiovisuel sportif de 2 heures et trente minutes passées, avec cette tradition des hymnes nationaux, de la bataille du match, des prolongations et pénaltys respectée.

Le récit se poursuit, je me nommerai footix :

première licence de foot à 7 ou 8 ans :

  • pratique en poussins, pupilles, à l’école primaire : les années 80.

  • pratique au collège, sur les terrains underground : les années 90.

  • entre temps comme nous tous me voilà Champion du Monde 98 !! Et d’Europe 2000 !!

  • pratique lors des festivals, mariages, fêtes extérieures en tous genres : les années 2000.

Ceci explique le succès de ce sport : il peut se jouer en chambres, couloirs, terrains de gazons, parcs, contre murs de ciment, de béton, de pierres, seul, à plusieurs, en cuir, en mousse, en plastique, en salle… Les longueurs et largeurs des terrains officiels de par le monde ne sont pas fixes….


Cet article ne faisant pas mention des matchs vécus aux stades mais de mémoire télévisuelle, je ne saurais que trop vous conseiller de vivre ces événements lorsque vous le pouvez en live, comme s’il s’agissait de concerts ou d’opéras… et surtout au stade du village, comme dans de grands…!

 

Un de mes matchs lointains emblématiques suivi entier :

Ainsi, revoyant dans ma mémoire d’enfant la finale de la coupe de France 1990, (à relever la présence au Parc des Princes ce 2 juin pour Montpellier de Laurent Blanc, Eric Cantona, William Ayache, Kader Ferhaoui, Vincent Guérin, Pascal Bails ou encore Júlio César da Silva… et pour le Racing Paris de David Ginola, Jean-Manuel Thétis, Alim Ben Mabrouk, Pascal Olmeta…). Cette période charnière pour le foot français privé cette fois de coupe du monde pour 2 participations…, pourtant en pleine révolution, Eric Cantona défrayant la chronique pour l’éternité !

Alors j’ai connu des bribes de coupe du monde ITALIA90 :

Et de là tout s’enchaine, la passion pour les aventures européennes télévisées des clubs français, l’Olympique de Marseille en tête ! L’adolescent comprend le mnémotechnique et la géographie du continent à tour de bras et de visions…

Lech Poznan est un club de Pologne, Leeds se trouve au Nord de l’Angleterre,  la Suède en 1958 a connu l’avènement du ROI PELÉ,  Séville demeure le théâtre du match du siècle (France-Allemagne 82) digne d’un drame shakespearien, Maradona arrêté pour détention de cocaïne à Naples en 1991, la vision de Ronald Koeman versus Gianluca Vialli, les larmes de Basile Boli, les dribbles de Chris Waddle, l’efficacité de quelques Deschamps, Zidane, Baticle, Pirès, Papin, Ettori, le verbe de Larqué et Roland, l’admiration pour Van Basten-Gullit-Rijkaard, l’ombre de Lineker, Olive et Tom ou l’École des Champions! …. J’ai du tellement ingurgiter de football dans mes années 90…! Cette époque était frugale, mais pas autant médiatisée qu’à ce jour!!! Et pourtant c’est comme si j’avais été élevé dans un monastère de Shaolin Soccer!

 

b7bf4Quel fantastique patrimoine qu’est le mien, hérité de la famille, d’un pays peuplé d’autres footix’s et éducateurs et passionnés et pratiquants… Ce sport a supplanté l’Église Catholique en France, même si sa pratique coïncide historiquement pour ma part à mon assiduité à Dieu…à 15 ans tout cesse ! D’autres sirènes, l’étendue de  la culture et de l’art de vivre s’élargit, de la pratique religieuse et footballistique à la pratique de la communication, des arts et de la culture totale ! Devenir le Johan Cruijff de sa vie !

Surprises !

On termine par ici avec un ex joueur devenu blogueur et un article rock’n roll en lien ICI..!

 

Terminons un cycle, mettons en parallèle trois noms : nous parlions au commencement du 21 juin 1986 et de l’anniversaire à Platini, célébrons Maradona via Manu Chao dont l’anniversaire est un … 21 juin. Car nous aimons chaque ÉQUINOXE sur RMI’z !!!

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HOMMAGE AU PARRAIN VIRTUEL : HFT le véritable !

CECI EST UN SIMPLE HOMMAGE, un appel à chacun à se responsabiliser sur sa consommation de musique également, comme avec toute drogue de ce style..! La grande idée c’est d’aller vivre la musique en concerts !!!
L’artiste jurassien aux 17 albums studio méritait bien un hommage sur le média qui tire son nom d’une de ses productions.
18 titres coups de cœur sont à réentendre ici, 17 issus d’albums studio et une reprise télévisée.

Hubert-Félix Thiéfaine possède donc une œuvre des plus complètes, depuis 1978, l’homme change et demeure un stakhanoviste du verbe musical. Si 2012 l’a vu couronné de deux Victoires de la Musique en France, bien tardivement d’ailleurs, celui qui n’a jamais refoulé les médias (plus souvent banni) a rendu hommage à ses hommes-passions (Friedrich Nietzsche, Gustav Mahler, entre autres, parlant de la fin du XIXème siècle, des contemporains de la création de son label qui lui a toujours fait confiance, sa fierté d’y figurer : Sony Music, ancien COLUMBIA.) A noter, après ce discours consacré à sa victoire du meilleur album, sa victoire de l’interprète masculin de l’année fut dédiée à son proche encadrement de toujours [François Pinard & Francine Nicolas = Loreleï Production] et surtout à son public, non sans émotion, sachant ce qu’il lui doit et son étendue inter-générationnelle !

Il n’empêche que l’artiste est très attaché aux revenus d’un artiste et au travail d’une maison de disque. Il est donc délicat de proposer ici sur internet une « playlist » reconnue de sa carrière, puisque victime des vocations et passions qu’il suscite, le voila partout « piraté », publié, reconnu, et surtout par les fans anonymes rivalisant parfois de clips non-officiels.
Nos amis de Unfamous Radiostenza le diffusent à raison de deux titres lives par jour actuellement, et une radio lui est consacrée sur Radionomy….
L’équilibre entre les forces qui suivent l’homme et la production de celui-ci est donc difficile, même s’il est à la mesure de l’œuvre du poète.

Bref, commençons ce simple hommage de manière chronologique:

Récompenses

  • 1996 : prix de l’académie Charles-Cros
  • 2011 : Grand prix de la chanson française de la SACEM 4
  • 2012 : Victoire de la musique de l’album de chansons
  • 2012 : Victoire de la musique de l’artiste interprète masculin de l’année

Bibliographie

  • 1988 : Hubert-Félix Thiéfaine, de Pascale Bigot et Hubert-Félix Thiéfaine, Seghers (ISBN 2-232-10109-6)
  • 2005 : Hubert-Félix Thiéfaine : Jours d’orage, de Jean Théfaine, Éditions Fayard-Chorus (ISBN 978-2-213-62715-1). Édition revue et augmentée en février 2011 (ISBN 978-2-213-66143-8).
  • 2007 : Les chansons illustrées de Thiéfaine, de Christophe Arleston, Mathieu Lauffray, Nicolas Keramidas, Cromwell, Serge Pellé, Christophe Alliel, O.G. Boiscommun, Turf, Frédéric Bézian,Alessandro Barbucci, Laurent Colonnier, Riad Sattouf, Algésiras, Denis Bajram, Olivier Berlion… , Éditions Soleil (ISBN 978-2-84946-716-9)
  • 2009 : Entre 3 grammes et 5 heures du matin… Hubert-Félix Thiéfaine, de Jean-Charles Chapuzet, Éditions Presses Du Belvédère (ISBN 2-88419-157-7)

Documentaire

  • 2005 : « Sur les traces d’Hubert-Félix Thiéfaine », de François Bombard France 3 Bourgogne
  • 2012 : « Galaxie Thiéfaine : Supplément d’Âme », de Dominique Debaralle et Michel Buzon France 3 Franche-Comté
  • Il existe un documentaire consacré à Arthur Rimbaud en vidéo dans lequel HFT participe aux côtés de Patty Smith notamment… [Voyage en Rimbaldie]

 

 

Enfin terminons notre hommage mongol avec ceci qui nous touche très particulièrement…:

MERCI HFT !

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La guerre selon Dantec, hommage à l’homme de 1999, déception 2014!

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Il fut une époque, une quinzaine d’année, où Maurice G. Dantec était chercheur lucide, provocateur, mais fondé sur son travail et sa prise de drogues. Hors cette hygiène de vie a laissé des traces irréversibles, et après quelques fulgurances, Dantec est mort en soi, vive Dantec! C’est un hommage à l’homme, le cerveau fou, de 1999 que je souhaite rendre ici, l’année où il s’installa à Montréal et où je le rencontrais à Besançon … Avant ses dérapages pro-atlantistes et anti-arabes. [En 1999, sortait « Babylon Babies » son troisième roman, gaché au cinéma par Mathieu Kassowitz et Vin Diesel avec « Babylon AD » ; j’achetais « La sirène rouge » son premier roman de 1993 avec sa dédicace « Bienvenue sur l’autoroute des ténèbres » adjointe d’une étoile de David.

dantec99

 Cette fois nous y sommes aux ténèbres tant redoutées.]


Rabelais, que pourtant ne nous pouvons tacler dans son héritage, écrit « le rire est le propre de l’homme » en 1574.

« Mieulx est de ris que de larmes escripre,
Pour ce que rire est le propre de l’homme. »

— Rabelais, Gargantua

Maurice G.  Dantec infirme que c’est bien plus « la guerre le propre de l’homme », dans son « Le théâtre des opérations (journal métaphysique et polémique 1999) » [GALLIMARD], passant en revue les conflits de l’année mentionnée, et de l’histoire de l’humanité. Très bon ouvrage, très ambitieux, s’attaquer à l’historique de la guerre dans le monde et prouver que l’homme y touche à son fondement, Dantec n’a cessé de produire des perles de romans de fiction d’anticipation : « Les Racines du mal » (1995 ; Gallimard), « Villa Vortex » (2003 ; Gallimard), « Cosmos Incorporated » (2005 ; Albin Michel), « Grande Jonction » (2006 ; Albin Michel), et le bluffant « Artefact : Machines à écrire 1.0″ (2007 ; Albin Michel)… Malheureusement, il a pris cher dans son crâne en ébullition semble-t-il, mais je me promets de lire les nouveautés si je tombe dessus, malgré sa dernière apparition pitoyable. Faut-il accuser son ex-agent, monsieur David Kersan, de l’avoir traité comme un enfant-esclave tel un footballeur africain en Europe….?????????????????? Moi j’ose ! Quel gâchis !

 

 


EXTRAITS « Le théâtre des opérations »:

Comme les Anglais et les Américains, les Français et les Québécois forment deux peuples séparés par la même langue.

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 15

Le problème du fascisme : comment faire des génies avec des idiots. Le problème du communisme : comment faire des idiots avec des génies.

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 30

Ce que je partage peut-être de plus profond avec Houellebecq : comprendre la littérature comme un programme de survie.

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 49

Une connaissance sans danger est comme une éducation sans douleur. Elle ne vous apprend rien.

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 55

Une amitié se mesure surtout à celles qu’elle rend superflues.

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 69

Le style ne doit faire qu’un avec l’idée, comme le sabre avec la main.

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 76

Il n’existe pas de loi qui soit cool.

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 128

Les certitudes sont les ennemies de la vérité.

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 159

L’érotisme, c’est la mort mise en laisse par la vie.

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 159

La vérité est un couteau à double tranchant, et sans manche.

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 181

L’architecture, cette musique de l’espace qui commerce avec le temps.

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 183

Ces « philosophes »… qui ne font trembler personne !

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 211

Ma version préférée de Singin’ In The Rain : celle d’Orange Mécanique.

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 213

Le capitalisme est le système d’exploitation dont l’homme est l’ordinateur.

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 223

Il y a deux manières de combattre la liberté de pensée: sa suppression pure et simple et le droit donné aux abrutis de la recouvrir de leur bavardages.

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 295

Naître et ne pas être, telle est notre condition.

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 312

Comme le savait Baudelaire, le génie, c’est l’invention du cliché.

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 376

2001 et Apocalypse Now : l’Odyssée et l’Illiade de l’Amérique moderne.

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 379

Que l’on comprenne bien ceci : je ne reconnais presque rien de mes œuvres précédentes.
Mais c’est parce que chaque œuvre s’est efforcée de détruire celle qui l’avait précédée.

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 425

Il existe deux catégories de bons élèves: les premiers de la classe qui suivent les directives éducationnelles du système, et obtiennent les gratifications en retour. Et les premiers de la classe qui sont au-delà de toute classification, qui ont une, deux, trois, sept classes d’avance, et qui finissent par rejoindre les cancres dans la procédure d’éjection hors du système, à un moment ou à un autre.

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 437

Ces pédagogues qui affirment que l’instruction des connaissances suffit à faire un homme intelligent, et qui claironnent que l’intelligence suffit à faire un homme cultivé, alors que la plus haute culture ne suffit même pas à faire un homme éveillé !

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 437

Ces mêmes pédagogues qui prétendent que l’expression de soi est un justificatif suffisant à l’élaboration d’une oeuvre d’art, ou d’un quelconque discours vaguement apparenté comme tel alors qu’une oeuvre d’art n’est un tant soit peu pertinente qu’à la condition de détruire le moi de l’auteur, et si possible celui de ses lecteurs, auditeurs ou spectateurs !

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 440

Qu’est-ce qu’une authentique liberté ? C’est le moment où une vérité concernant l’état général de votre condition vous éclaire, à tel point qu’une distance critique s’effectue entre vous et le monde d’avant, que vous êtes en mesure de déployer vos ailes et d’acquérir un peu de mobilité, un peu d’autonomie en regard de la foule des combinats sociaux, puis très vite, vous voilà face à la vérité dénudée dans toute sa cruelle lumière: cette liberté s’anime sur un jeu de contraintes supérieures, celles du monde d’après, auquel il vous faudra vous adapter (y compris en luttant de toutes vos forces contre lui).

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 442

Positivisme, nationalisme, racialisme, socialisme, communisme, anarchisme, toutes ces idéologies hégéliennes (ou para-hégéliennes) de l’État, ou du non-État du progrès et de la technique, ou de l’un ou l’autre de ses nombreux avatars, ont littéralement détruit toute la philosophie occidentale, ont anéanti tout au-delà de l’homme, et donc sa seule identité possible : son devenir, pour le jeter dans l’au-delà de l’État et de la technique […].

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 489

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Lorsque l’homme se libère de la gravitation terrestre, c’est pour subir les contraintes de l’apesanteur.

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 442

Écrire, c’est parfois la seule façon possible de garder le silence.

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 453

Lorsqu’une idée règne, elle se trompe ; lorsqu’elle gouverne, de plus, elle ment.

  • Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. Folio, 2002, p. 506


     

 

Le monde est moderne, il change, on ne parle pas de la femme dans ces citations, pourtant la femme est réputée pour prendre le pouvoir dans ce monde qui l’a maltraité par le passé, réputée aussi pour sa recherche de sécurité, mais à cette époque de « castration ( ?) » du mâle, de la masculinisation de la femme, on ne saurait trop dire où « collectivement » nous allons… ?

 

 

Car si l’on jette un œil en arrière, en antiquité, au néolithique ou à l’âge de fer, comme en 14-18, c’est que l’homme aime à se fouttre sur la gueule, toujours, avec son voisin, à l’instar des guerres entre français et anglais au moyen-age… ou encore des conflits entre japonais-coréens, entre chinois-japonais et diverses variantes voisines.

 

Ceci étant posé et écrit, la grande réflexion sur « la guerre ontologique » est proposée par notre reporter Morgan Richard en lien sur notre média.

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La guerre ontologique

 Dans l’idéologie moderne, la guerre, c’est ce qui est là, toujours là, mais dont l’existence est incompréhensible, insupportable. Le pari que l’homme a fait avec lui même a été d’éliminer la guerre, et chaque conflit commencé est une « der des der », le dernier affrontement nécessaire pour que survienne l’aire de la paix éternelle. Mais la guerre ne disparait pas. La guerre reste, et restera, même si tout le reste disparait.

 

 [wpe_video]https://www.youtube.com/watch?v=iYJTI3_Ketk[/wpe_video]

 

Il faut porter la guerre en étendard. La guerre, c’est notre fierté, c’est notre insigne. Comme dit « Mafia K’1fry », cette guerre, c’est ma raison de vivre. Il faut penser la guerre, non pas comme ce qui est à éviter mais comme ce qui, d’une certaine manière, nous détermine. Il faut porter le poids de la guerre ontologique.

 

 

La démocratie n’est pas le meilleur, ou le moins pire des systèmes. La démocratie, et son corolaire, le bio-pouvoir, est une grande machine à pacifier, à éliminer les différences. Le projet de ce système est l’homme sériel, ses armes sont la Norme faite flic et la menace des camps, hôpitaux psychiatriques, prisons, chômage pour tout ceux qui ne se soumettent pas à la série. Ce matin, je suis allé à la banque, et l’on m’a baptisé d’un nombre, « D 023 ». Un nombre, à côté d’autres nombres, telle est la société du contrôle, ployant sous une détermination schizoïde de désirs contrefaits, rêvant de transformer les humains qui la compose en une suite de numéros.

 

Cette société moderne invente le genre humain, l’homme comme essentiellement un. C’est qu’elle a peur, cette société, de la violence révolutionnaire de la multitude, du feu qui jaillit du grand jeu des différences. Mais l’homme est un concept vide, qui décrit, toute au plus une certaine disposition physiologique. Ce qui, au delà des manipulations du contrôle, constitue la réalité nue, ce sont des sommes de différences,  une altérité essentielle à la base de tous . Je est un Autre, et chacun est différent de moi. Chaque individu est une énigme. Plus profondément, comme l’a dit Crowley, chaque homme et chaque femme est une étoile. Ou bien un Dieu, un univers. Et chacune de ces étoiles est déterminée par ses propres penchants, est blessée ou grandie par des choses différentes. Et aucune de ces étoiles ne peut se comprendre comme un atome fermé sur lui-même. L’individu est essentiellement un rapport. Rapport entre des forces qui le fondent. La conscience comme enregistrement a posteriori du jeu de ces rapports de forces, de ces « machines désirantes », comme dirait Deleuze, qui ne sont pas enfermés dans le moi, mais se compromettent irréversiblement avec le monde. Lorsque je tombe amoureux, ce sont certaines de mes forces, de mes machines, qui se connectent avec les machines de l’autre.  La relation est une équation telle que 1+1 égalent 3, la connexion de ce toi tellement Autre avec moi, crée des liens nouveaux tels qu’il existe quelque chose de plus, qui n’était pas là avant notre relation. Ainsi, en me jetant dans le monde, et en échangeant avec les planètes hommes qui le peuple, j’accomplis ce qui est le but de l’existence. Je Deviens, j’augmente ma puissance, j’agrandis cette toile qui est ma vie. C’est l’amitié, ou l’amour. Et l’inimité, la guerre, se conçoit comme un rapport où diminuer les forces de l’autre augmente ma puissance. Tiqquun dit que l’intensité des affects qui ont été mis dans les concept d’amitié et d’inimité montre l’importance sociologique et vitale du jeu de la puissance.

Le fonctionnement normal du social, c’est la constitution de machines de guerres, de planètes humaines qui entrent en orbite parce qu’elles ont les mêmes penchants, et créent système. Ce système, ces machines de guerres, ces tribus guerrières, se heurtent avec d’autres systèmes qui ont des penchants antagonistes, foncièrement autres. Ainsi, la guerre, est une manière pour chacune des deux tribus de s’augmenter. Elle n’est pas un besoin d’éradiquer l’autre.  L’ennemi est aussi nécessaire que  l’ami, parfois plus nécessaire, et le guerrier sait aimer son ennemi, lui être reconnaissant pour la guerre qu’il lui offre.

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On pourrait dire que le jeu politico-énergétique entre  humains, tel qu’il se déploie dans les entrechoquements cataclysmiques des forces qui nous constituent, crée soit des rapports d’amour, au sein d’une même machine de guerre, d’amitié, dans les rapports avec des systèmes alliés, ou de guerre. Ces trois rapports sont tous les trois nécessaires. Ils constituent les possibilités du conflit. Le conflit, c’est cette intensité des forces qui se mettent en rapport, sans cesse et dans toute les directions. Ce jeu politico-énergétique, accès sur l’augmentation de  la puissance de chaque joueur, est le « devenir sauvage », le chaos dansant qui sans cesse agit le monde, et transforme chaque humain en soleil, un processus érotique tendu vers le plus, sans début ni sans fin. C’est le jeu du « multiple pur », affirmation du sans cesse autre – la vie, telle qu’elle s’incarne dans des forces infiniment différentes, toutes parfaitement belles et redoutables.

Il y a un pan négatif à ce jeu. Nietzsche parlerait d' »énergie négatrice », réactionnaire. Il parlerait  d’une passion hypnotique pour la mort, la volonté de mort, le nihilisme sous toute ses formes.  Ce vouloir d’esclave n’est  tendu non pas vers le devenir éternellement liquide des hanches de la déesse et du vin de Dionysos, mais vers la peur d’être, la haine de tout ce qui est trop , trop brillant, trop puissant, trop lumineux, et la volonté de faire de la vie une petite prison dorée, avec juste assez de lumière qui passe entre les barreaux pour pouvoir haïr le soleil. Et cette volonté de mort, ou de conservation d’une vie atrophiée, est partout triomphante. Elle a mise au bagne tout les joueurs, tranche les talons de tout les danseurs. Le conflit horizontal c’est transformé en pouvoir vertical d’atténuation des rapports de forces, en réseaux tentaculaires de cellules cancéreuses qui mangent chaque parcelle du jeu énergétique sain. Qui dénoyaute les machines de guerres, déconstruit les réseaux de solidarités informels, et instaure à leurs places un fantôme d’égalité, une éthique molle d’esclave humaniste, un océan de fantômes indistincts, sans formes ni vie, en permanence contrôlés et se contrôlant les uns les autres, pour que le djihaad, la guerre ontologique, n’apparaisse jamais. Cracher sur la vie, sur la terrible, violente et belle vie multiple et chaotique, et en faire une espèce de camps de rééducation, projet de pacification à code barre. 

Visuel

 C’est pour cela que la cible du contrôle, son pire ennemi et l’objet de sa propagande télévisuelle, ce sont tout ces groupes qui ont su garder, ou se constituer en machines de guerres – Roms, gangsters des cités, rebelles afghans, squatteurs, punks – … Partout où la solidarité, l’amour et les coups de savates se diffusent à l’horizontal, sans qu’il  n’y est besoin de patron ou de processus bureaucratique pour gouter au sang rouge comme du vin et sentir la chaleur du soleil. Et là où auparavant on rencontrait une sorte d’éthique guerrière, du respect pour l’ennemi qu’il faut conserver comme part du jeu  politico-énergétique, il n’y a plus qu’une froide volonté d’extermination. L’extermination, le génocide, c’est la guerre du contrôle, sa manière de traiter ce qui fait obstacle a son projet de pacification universel.

 

Il faut remplacer la solitude ontologique qui est le propre du contrôle, arrêter d’être cet humain sans qualité, et porter la guerre . Affirmer sa différence, non plus comme cette tare qui nous empêchera à tout jamais d’avoir ce taf tant désiré, mais comme le plus bel hommage fait a la vie, goutte de rosé qui tombe du sexe de la déesse et nous féconde. Partir de cela, remplacer la honte et l’esprit de vengeance par une affirmation solaire, c’est aller nu vers un signe, c est être enfin vrai, Dionysiaque. Affirmer l’événement qui ne manquera pas de venir comme synthèse parfaite de la danse du chaos. Ployer de toute sa puissance vers cet événement, et ainsi, rencontrer des frères ou des sœurs pour s’organiser en réseau de malfaiteurs. Les rencontrer, comme par chance, au détour d’un carrefour, ou d’un bar tard le soir. Car la chance , comme le disait un ami, ce n’est jamais qu’une question de puissance.

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