Archives mensuelles : août 2015

Seasick Steve: la dèche, le blues et le reste.

Seasick Steve, littéralement « Steve Mal de Mer », on dirait un surnom de pirate, ou encore l’un de ces sobriquets que se donnaient les biffins américains, à la grande époque entre salves de mitrailleuses et virées au bordel.

Chers Mongols, laissez-moi vous présenter Steve Gene Wold. Du haut de ses 74 ans, caché derrière une barbe grise de trois ans, et sous une indéboulonnable casquette « John Deere », quand il entre sur scène, une bouteille de vin rouge à la main, on sait qu’on va pas écouter du Kanye West.

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Faiseur de blues depuis depuis les années 60, ce fils de pianiste de Boogie-Woogie ayant quitté le foyer familial à 13 ans, peut s’enorgueillir d’avoir côtoyé  et travaillé avec les plus grands, à savoir John Lee Hooker, Janis Joplin ou encore plus tard, Kurt Cobain. Ce contentant simplement de ces collaborations diverses, Steve Gene Wold poursuit une carrière loin des codes habituels. Antistar complète, il partage sa vie entre le blues et les voyages, notamment en Europe, et plus particulièrement en Norvège. Et c’est en Norvège qu’un ami lui donna le surnom de Seasick, constatant l’incapacité de Steve à monter sur un bateau sans être malade, et qu’il rencontr

a sa femme, avec qui il aura cinq fils.

De retour aux Etats-Unis, dans les années 90, il fonde à Seattle son propre studio d’enregistrement, ce qui lui permet de rencontrer des artistes de la mouvance rock et grunge en place, et donc Kurt Cobain.

« En grandissant, mes enfants avaient moins besoin de moi, alors je me suis dit que je pouvais peut-être composer un album… »

images3O1D3ZQ7Bim! 2004, sortie de « Cheap », en collaboration avec le groupe suédois The Level Devils. Cet album est une bouteille de bourbon vide, jetée dans la mare dormante qu’étaient devenus tout ces sons américains, le blues, la folk, et le boogie… Avec des morceaux comme « Rockin’ Chair » ou « Hobo Blues », Seasick Steve ne dépoussière pas un genre musical, puisque qu’il en a été témoin et acteur, non, il en est le rapporteur.  Ce gars en salopette tachée et tee-shirt troué nous laisse l’impression d’avoir fait une sieste de 40 ans et qu’il se réveille aujourd’hui, en produisant un son, non sans influence, mais sans reverb’ à la con, synthétiseur, ou autres fioritures qu’on penserait indispensables pour faire aimer un vieux son à la jeunesse. Non,  pour lui :

« Le blues, c’est bon quand c’est sale ».

S’en suit une série d’albums dans le même ton,  sept au total, de quoi ravir toutes les oreilles friandes de ce qui se fait de plus authentique, et s’il vous plaît, servit par un artiste qui respire encore!

Fabriquant lui même ses guitares, il s’amuse à chaque concert à expliquer de quoi telle ou telle guitare est faite, tantôt un filtre à air de voiture, tantôt un bidon d’essence, ou encore une planche à laver, fortement mise en valeur dans ce morceau:

Bref, le gars en impose, et s’il vous prend l’envie de vous décrasser les étiquettes avec des watts et du son pur jus, prenez donc un morceau de ce que l’Amérique a produit de meilleur ! A déguster sans modération.

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