C’est avec joie et fierté que RMI’Z offre une visibilité aux … Restos du Coeur, association nationale aux ramifications locales… C’est gratuit, c’est gentil, et il n’est pas question de saison privilégiée pour cela, à tout moment ceci est normal de se préoccuper de ses voisins démunis, trop souvent invisibles. Et c’est d’ailleurs plutôt l’œuvre de Coluche, que nous admirons tant, qui offre le sourire à RMI’Z.
Entre associations aux préoccupations proches, l’entraide est nécessaire. C’est le ciment altruiste, plutôt le moteur du bénévolat et de la bonne action. Depuis sa création, la situation n’a fait que se détériorer et Coluche a démontré que du CŒUR est absolument utile pour combattre les maux que connait notre société malade et déshumanisée. Alors, en rangs serrés, communiquons, donnons, sourions au plus démunis et désemparés.
Cette visibilité se voudra progressive, bannières publiées au fur et à mesure de notre avancée, entretiens avec des responsables, des bénévoles pour illustrer l’action telle qu’elle se définie au présent (pour ne pas rester ni passifs, ni passéistes…). Répondons aux besoins du temps présent.
En avant, tous ensemble.
L’hiver sera aussi littéraire, à fourmiller… Si l’été est cigale à chanter et danser !
Avec Richard, un partenariat naît, un partenariat concret et c’est la flamme d’une bougie de mots qui va danser tout doux pour cette saison ouvrée ou verte !
Il y a cette passion commune pour Charles Bukowski qui nous lie, lui et moi, en sus de cette ville « natale » qu’est Vesoul, bowling des âmes saoules !
Pierre qui roule n’amasse pas mousse mais Johnny !
Et j’en rie ! Deux égéries, deux bonnes nouvelles pré-hivernales, d’Ormesson et Hallyday/Smet, ne sont plus… Même si nous préférions Ferrat sur RMI’Z, ce qui est fait n’est plus à faire. Chaque bonne nouvelle connait son revers, pour d’Ormesson c’est de savoir que sa mère lui avait appris à honorer chacune de ses correspondances ouvertes, pas de lettre sans réponse ; mauvaise nouvelle je n’ai jamais écrit cette lettre à Jean. Pour Jean-Philippe, la mauvaise chose est qu’il ne m’a jamais rencontré ! Rock’n’Roll et surtout BLUES normal hivernal ..!
Nous devons tout de même à Johnny, par demande puis refus de paroles et musiques l’Amicalement Blues HFT/Paul Personne !
Ouh yeah, yé ! Bonne cheminée et boules de neige à chacun sur les quais du Grand Froid Electrique !
Retour aux bonnes habitudes, celles de célébrer l’artiste qui a inspiré ce média… Ainsi, l’idée apparaît comme évidence : les citations et représentations du cheval dans l’œuvre d’Hubert-Félix Thiéfaine..! Quelle idée ! Malheureusement cet article restera une ébauche et pas une thèse étudiante… Sans logiciel analysant toutes les paroles des chansons de l’homme, nous nous pencherons sur un simple surf lié à certaines connexions de souvenirs de textes marquants.
C’est un nouvel angle d’attaque de notre icône Mongol commun comme nous l’avons fait avec calendriers ou thèmes du parrain virtuel RMI’Z, passion commune des fondateurs Ertzin et moi-même votre humble serviteur…
Taille comparée entre un poney Shetland et un cheval de selle.
Ma grande idée du présent serait de défendre le vin biodynamique contre les sulfites, à l’image de la célébration du « cheval, compagnon de labeur » à la charrue dans la vigne, par exemple… Ainsi je replace le canasson en meilleur ami de l’homme au détriment du descendant du loup…
Cet aparté me tient à cœur :
« Le cheval compagnon de labeur » évoque le passé, ce fut une exposition aux Archives départementales de la Haute-Saône, un livre s’y rapportant et une série d’entretiens audios que j’eus avec un très ancien de Colombier en semi patois… où celui-ci m’évoquait l’importance et la valeur dans l’agriculture ou le transport de l’équidé avant et pendant la Seconde Guerre Mondiale, réquisitionné d’office plutôt que le bœuf dans ce village par les allemands occupants. Le plan Marshall, l’avènement du tracteur américain, l’assassinat de l’agriculture a épuisé le cheval et l’agriculteur… donc tous les atouts du continent européen…
Schéma des parties externes du cheval.
Et puis si le cheval est un ami, bien élevé, bien nourri et aimé alors on peut le manger ! Miam ! C’est aussi de l’amour ! Ne soyons pas hypocrites, nous avons été formatés dès notre enfance à cette éventualité avec le copain Poulain ! Ah ah!
Bref, trêve d’avis personnels, revenons à nos moutons, ou plutôt notre sujet annoncé, sans s’égarer.
LE Cheval CHEZ HFT :
1980:
SCORBUT :[chanson mignonne, tradition paillarde, pour les filles de la Rochelle ! ] à 2minutes 20 : « (…) cheval deux trois » référence au Cheval de Troie dans la construction musical du morceau…: 1, 2, 3, quatre …!
Nous aurions pu évoquer avant ce titre sur l’album précédent « la fille du coupeur de joint » fameuse « (…) sur un chariot chargé de paille, sur un chariot chargé de foin (…) » que l’on présumerait tiré par un équidé… Tout cela pour finir à « (…) pédaler dans les nuages au milieu des petits lapins (…) », lapin qui pourrait être un animal totem tout autant comme dans l’intro de la chanson « comme un chien dans un cimetière » … etc… [Et côté bestiaire, gros faible pour le dernier album avec « En remontant le fleuve » et cette idée saumonée de la vie…].
1982:
LES DINGUES ET LES PAUMÉS :
« (…) mon cheval écorché
m’appelle au fond d’un bar (…) »
Voici une mystérieuse évocation et il faut absolument ne pas tout expliquer et entretenir des mystères ici-bas….
Document de choix, exceptionnel, par notre ami collègue Michel Buzon…
Courte interview de Thiéfaine par Michel Buzon + CLIP « Les Dingues et les Paumés » 1982 (extrait de l’album « Soleil Cherche Futur » : https://itunes.apple.com/fr/album/sol…) Paroles : Hubert-Félix Thiéfaine / Musique : Claude Mairet (arrangements, guitare, percussions électroniques & choeurs) / Orgue et piano Fender : Gilles Kusméruck
Les dingues et les paumés jouent avec leurs manies Dans leurs chambres blindées, leurs fleurs sont carnivores Et quand leurs monstres crient trop près de la sortie, Ils accouchent de scorpions et pleurent des mandragores Et leurs aéroports se transforment en bunkers, À quatre heures du matin derrière un téléphone Quand leurs voix qui s’appellent se changent en revolvers Et s’invitent à calter en se gueulant « come on ! »
Les dingues et les paumés se cherchent sous la pluie Et se font boire le sang de leurs visions perdues Et dans leurs yeux-mescal masquant leur nostalgie Ils voient se dérouler la fin d’une inconnue Ils voient des rois-fantômes sur des flippers en ruine, Crachant l’amour-folie de leurs nuits-métropoles Ils croient voir venir dieu ils relisent Hölderlin Et retombent dans leurs bras glacés de baby-doll
Les dingues et les paumés se traînent chez les Borgia Suivis d’un vieil écho jouant du rock ‘n’ roll Puis s’enfoncent comme des rats dans leurs banlieues by night, Essayant d’accrocher un regard à leur khôl Et lorsque leurs tumbas jouent à guichet fermé, Ils tournent dans un cachot avec la gueule en moins Et sont comme les joueurs courant décapités Ramasser leurs jetons chez les dealers du coin
Les dingues et les paumés s’arrachent leur placenta Et se greffent un pavé à la place du cerveau Puis s’offrent des mygales au bout d’un bazooka En se faisant danser jusqu’au dernier mambo Ce sont des loups frileux au bras d’une autre mort, Piétinant dans la boue les dernières fleurs du mal Ils ont cru s’enivrer des chants de Maldoror Et maintenant, ils s’écroulent dans leur ombre animale
Les dingues et les paumés sacrifient Don Quichotte Sur l’hôtel enfumé de leurs fibres nerveuses Puis ils disent à leur reine en riant du boycott : « La solitude n’est plus une maladie honteuse Reprends tes walkyries pour tes valseurs maso Mon cheval écorché m’appelle au fond d’un bar Et cet ange qui me gueule : « Viens chez moi, mon salaud » M’invite à faire danser l’aiguille de mon radar
SOLEIL CHERCHE FUTUR :
« (…) et je traine les PMU avec ma gueule de bois (…) »
2001:
LES FASTES DE LA SOLITUDE (album « Défloration 13″) :
« (…) Joseph d’Arimathie & Uther Pendragon Chevauchent de vieilles juments au bord de l’extinction (…)«
Joseph d’Arimathie & Uther Pendragon ces deux personnages sont imaginaires, qu’en est-il alors de leurs vieilles femelles cheval..? Je vous laisse imaginer une extinction légendaire !
Pour ce titre est également question de Dürer et de sa gravure « Le chevalier, la mort & le diable », mais nous revenons plus loin dans cette page à propos du « DICOTHIÉFAINE »…
Les fleurs de rêve obscur secrètent de noirs parfums Dans la féerie marbrée des crépuscules forains Théâtre d’harmonie / panorama lunaire Aux délicieuses lenteurs de cortège funéraire Où les âmes nuageuses nimbées de sortilèges S’évaporent dans l’ivresse glacée d’un ciel de neige Banquises phosphorescentes & bleue mélancolie Qui projette ses violons sur d’étranges rhapsodies Aux étranges accords sous d’étranges latitudes Qui te révèlent les fastes de la solitude
Les femmes-oiseaux perdues dans leurs sombres dimanches Ont sorti leurs précieux colliers de souris blanches & dansent la sarabande frivole des courtisanes A la mémoire d’amants noyés dans leurs arcanes Odeurs de mandarine & rafales de cannelle Mélodies cristallines & vapeurs d’arc-en-ciel Là–bas sous un tilleul, à l’ombre d’une fontaine Notre-Dame de la nuit distribue l’oxygène & le septième cercle de la béatitude
Te révèle les fastes de la solitude
La princesse aux camées fait blinder sa pâleur Pour franchir les spirales du miroir intérieur Pétales rapaces d’une hydre aux yeux de tarentule Dans le tumultueux chaos des particules Mandalas schizoïdes & soupirs féminins Sur les claviers bulbeux des orages clandestins Sépultures de valium pour voyageurs-vampires Errant dans les sargasses d’un océan martyr & le doute qui ravage même tes incertitudes Te révèle les fastes de la solitude Joseph d’Arimathie & Uther Pendragon Chevauchent de vieilles juments au bord de l’extinction & cherchent l’asile de nuit au milieu des pylônes Rouges-iguane & oranges brûlés des soirs d’automne Leurs druides au bec-bunzène en livrées de valets Te préparent un cocktail dans leurs tubes à essai Plus rapide qu’une Aston dans les mains de Shelby Tu reprends l’avantage au treizième Martini & l’ineffable attrait pour les bars d’altitude Te révèle les fastes de la solitude
Le chevalier, la mort & le diable s’enfuient Des pinceaux de Dürer pour absorber la nuit Tandis que Mélusine aux longs cheveux défaits T’organise une party dans la brume des marais & dessine sur ton membre une cartographie Des ténèbres où t’attendent quelques maillons maudits Puis traverse le désert jusqu’à la Thébaïde Où la fée méridienne de tes éphémérides Extirpant ton sourire poisseux de l’habitude Te révèle les fastes de la solitude
Et à propos d’Uther Pendragon, dans notre culture populaire moderno-télévisée, comment ne pas songer au formidable travail d’Alexandre Astier…: KAAMELOTT !!!
2005:
CONFESSION D’UN NEVER BEEN (album « Scandale Mélancolique« ) :
Si cet article est né c’est bien sûr pour ce titre issu du dernier album … »Amour désafecté« .
Il y a cette image désuète de chevaux, saisis en pleine course, « au pied de l’arc en ciel »… Comment ne pas voir ce papier peint ou calendrier des postes des années 1970-80 en couleurs…(?) comme renvoyant au titre « Médiocratie » du même album mais avec un soleil glorieux …
« (…) devant toutes ces news qui nous soûlent ces flashs qui nous anesthésient DJ God a perdu la boule & mixe à l’envers nos envies devons-nous croire à un réveil dans l’au-delà des jours fériés avec la photo du soleil brillant sur nos calendriers ? (…) »
La chose dite abstraite, métaphore nostalgique, est embellie par l’art d’écriture de monsieur H-F THiéfaine… La musique signée J-P NATAF n’en fait pas trop, dosant ce qu’il faut pour nous transporter dans cette course désertique rythmée et mélodique. Aucun apitoiement, juste un constat sans drame d’une expérience de vie aussi rodée fut elle.
Auteur: Hubert-Félix Thiéfaine
Compositeur: Jean-Philippe Nataf
Editeurs: Lilith Erotica,Malifusic
les chevaux sont partis courir là-bas au pied de l’arc en ciel ils emportent le souvenir de nos baisers chargés de fiel les chevaux sont partis courir je crois que je vais faire pareil
la rouille fait grincer les couleurs dans le matin à contre-jour nos regards en apesanteur fixent le point de non retour la rouille fait grincer les couleurs & bloque les issues de secours
c’est juste la fin maintenant d’une histoire qui tombe en poussière c’est juste la fin maintenant d’un amour sinistre & désert
inutile de nous retourner sur les raisons de nos mensonges de nos certitudes incrustées au plus profond creux de nos songes inutile de nous retourner sur le mal caché qui nous ronge
c’est juste la fin maintenant d’une histoire qui tombe en poussière c’est juste la fin maintenant d’un amour sinistre & désert c’est juste la fin maintenant d’une histoire qui tombe en poussière c’est juste la fin maintenant juste la fin maintenant
les chevaux sont partis courir là-bas au pied de l’arc en ciel les chevaux sont partis courir je crois que je vais faire pareil
En « C », pas d’entrée « cheval », on passe de « Chancre » à « Chirouble »…:
Chancre : 1. Ulcération qui marque le début de certaines infections (maladies vénériennes, maladies infectieuses). Chancre syphilitique, lépreux. Chancre mou: chancrelle. 2. Maladie des arbres, provoquée par un champignon, qui détruit l’écorce et réduit le bois en pourriture. Syn. ulcère.
Chirouble : Cru du Beaujolais.
Avant « Ch » on trouve le très intérressant Caroussel :
Carrousel : n. m. 1. Tournoi, parade où des cavaliers exécutent des joutes, des courses, des exercices divers. Lieu où se donne un carrousel. Un carrousel bruyant d’automobiles. 2. Dispositif de manutention constitué par un plateau, des éléments, etc., tournant autour d’un axe vertical. Carrousel de distribution des bagages d’une aérogare.
Puis on peut aussi s’amuser à trouver ces définitions suivantes :
Licorne : 1. Animal fabuleux, cheval à longue corne unique implantée au milieu du chanfrein. 2. Licorne de mer : narval.
Dürer : (Albrecht) (Nuremberg, 1471 id., 1528), peintre et graveur allemand. Unissant styles italien et flamand, il est le type même de l’homme de la Renaissance, tourmenté toutefois par l’inquiétude religieuse. Bien qu’il soit un coloriste raffiné (l’Adoration de la Sainte Trinité, 1511), le graveur surpasse le peintre et l’aquarelliste par la précision et la force de son dessin: 15 planches de l’Apocalypse (bois, 1498); le Chevalier, la Mort et le Diable; Saint Jérôme dans sa cellule et Mélancolia (cuivres, 1513-1514).
Duerer – Ritter, Tod und Teufel (Der Reuther)
Enfin il est fait référence aux mots « cheval » et « chevalerie » ici aussi :
Hybride : 1. Animal ou végétal qui résulte du croisement de deux sujets d’espèces différentes. Le bardot est un hybride de cheval et d’ânesse. Caractère hybride: chez les êtres vivants diploïdes, caractère que gouverne une paire de gènes allèles mutés l’un par rapport à l’autre. 2. Mots hybrides, formés de radicaux empruntés à des langues différentes. «Bigame», formé du latin «bis» et du grec «gamos», est un mot hybride. 3. Qui utilise à la fois le calcul numérique et le calcul analogique, en parlant d’un matériel informatique.
Mélusine : personnage fabuleux, fille d’une fée, qui pouvait se métamorphoser partiellement en serpent. Les romans de chevalerie et les légendes du Poitou font d’elle l’aïeule et la protectrice de la maison de Lusignan.
Et après Thiéfaine, voici les évocations en 5 chansons pour 4 artistes français de notre ami solipède…
GEORGES BRASSENS / PAUL FORT
1953
Le poème de Paul FORT mis en musique par Georges BRASSENS demeure aussi quelquechose des plus émouvants pour la poésie française, présenté traditionnelement aux enfants et formant à la mélancolie et au tragique. Ainsi toute leur « relation » est magnifique…
Dans son écriture et interprétation florissante, le cheval est légion…! Cependant ces quelques vers, et cette chanson, qui m’émeuvent particulièrement, sur son ultime opus… « La ville s’endormait » [sorti en 1977 chez Barclay]… où l’on peut trouver un clin d’œil à Jean Ferrat chahuté sur un désaccord misogyne du Grand Jacques à découvrir par soi-même.
« (…) et mon cheval boueux et mon cheval qui boit et moi qui le regarde (…) »
La ville s’endormait Et j’en oublie le nom Sur le fleuve en amont
Un coin de ciel brûlait La ville s’endormait Et j’en oublie le nom Et la nuit peu à peu Et le temps arrêté Et mon cheval boueux Et mon corps fatigué Et la nuit bleu à bleu Et l’eau d’une fontaine Et quelques cris de haine Versés par quelques vieux Sur de plus vieilles qu’eux Dont le corps s’ensommeille
La ville s’endormait Et j’en oublie le nom Sur le fleuve en amont Un coin de ciel brûlait La ville s’endormait Et j’en oublie le nom Et mon cheval qui boit Et moi qui le regarde Et ma soif qui prend garde Qu’elle ne se voit pas Et la fontaine chante Et la fatigue plante Son couteau dans mes reins Et je fais celui-là Qui est son souverain On m’attend quelque part Comme on attend le roi Mais on ne m’attend point Je sais depuis déjà Que l’on meurt de hasard En allongeant les pas
La ville s’endormait Et j’en oublie le nom Sur le fleuve en amont Un coin de ciel brûlait La ville s’endormait Et j’en oublie le nom Il est vrai que parfois près du soir Les oiseaux ressemblent à des vagues Et les vagues aux oiseaux Et les hommes aux rires Et les rires aux sanglots Il est vrai que souvent La mer se désenchante Je veux dire en cela Qu’elle chante D’autres chants Que ceux que la mer chante Dans les livres d’enfants Mais les femmes toujours Ne ressemblent qu’aux femmes Et d’entre elles les connes Ne ressemblent qu’aux connes Et je ne suis pas bien sûr Comme chante un certain Qu’elles soient l’avenir de l’homme
La ville s’endormait Et j’en oublie le nom Sur le fleuve en amont Un coin de ciel brûlait La ville s’endormait Et j’en oublie le nom Et vous êtes passée Demoiselle inconnue À deux doigts d’être nue Sous le lin qui dansait
Voici pour moi, venue l’heure de vous parler d’un moustachu, mais pas d’un hipster qui, à court d’imagination, n’a d’autre choix que de puiser dans le passé des idées périmées, pour mettre en avant un style qu’il est convaincu d’avoir inventé. Le revival des chemises canadiennes, des baskets flashys montantes et donc de la moustache, est l’aveu d’une impossibilité de création.Quand on a pas de talent, on se sert chez les autres, ou on déterre quelque chose que l’on pense oublié, mais, amis mongols, il s’en trouvera toujours parmi nous pour veiller au grain. Cette moustache là, fut adoptée en 1967, c’est à dire, quand les parents des dits hipsters n’étaient même pas encore, ni dans la tête, ni dans les burnes de leurs propres géniteurs. C’est la moustache d’un guérillero, d’un pourfendeur du système, celle d’un gars qui un jour, plutôt que de choisir entre l’épée et la plume, a pris un raccourci et a décidé d’écrire avec son glaive.
Après la sortie d’un disque-hommage, laissez moi vous parler de celui qui naquit sous le nom de Tenenbaum, évolua avec celui de Laroche et éclata à la gueule de la France avec le nom de Ferrat, Jean Ferrat.
Ferrat, c’était l’empêcheur de tourner en rond, connu pour ses textes poétiques, son amitié avec Aragon, et ses saillies verbales, couronnées régulièrement de censure. Ce qui n’est plus guère arrivé de nos jours, sauf pour quelques rappeurs un peu trop usagers d’images explicites concernant la justice ou les choix professionnels des mères de nombre de policiers.
Ferrat, la censure, il se la mangeait violemment en sortant un titre, en pleine période de réconciliation Franco-Allemande, en 1963. Ce qui est révélateur, ce n’est pas que l’ORTF déconseille la diffusion du titre « Nuit et Brouillard », c’est que le public ne suive pas aveuglément les « conseils » de certains dirigeants, mais au contraire plébiscite la chanson, qui vaut à Jean Ferrat, le prix de l’Académie Charles-Cros (qui récompensera plus tard, notre parrain virtuel, HF. Thiéfaine, pour son album « La tentation du bonheur », en 1996).
Ce désaveu du public pour la campagne de diversion audiovisuelle concernant la Shoah, à mon sens nous prouve deux choses, que les français, n’ont pas besoin des hautes sphères pour se forger une critique et une conscience culturelle, et qu’à peine 20 ans après la fin de la seconde guerre mondiale, le peuple français ne se sentait aucunement responsable des agissement de l’occupant, même s’il fut secondé par le gouvernement de Vichy.
En 1965, dans l’émission « Têtes de bois », ce qui devait être le « Taratata » de l’époque, avant que Ferrat ne chante « Potemkine », le directeur d’antenne, très ami avec C. de Gaulle, refuse et demande à l’auteur-interprète de produire un autre titre. Jean Ferrat refuse, et quitte le plateau. Les télévisions remettent le couvert, trois semaines plus tard, cette fois-ci lors de l’émission « Télédimanche ». Georges Guétary remplacera Jean Ferrat, qui aura encore refusé de chanter une autre chanson.
Après un voyage très maquant à Cuba, Jean Ferrat revient avec cette moustache définitivement sienne, et un disque, « Ma France ». En 1969, le titre éponyme, est une déclaration d’amour à la France, celle qui « répond toujours du nom de Robespierre ». Dans celle-ci, il s’attaque aux gouvernants (« Cet air de liberté dont vous usurpez aujourd’hui le prestige »), ce qui entraîne son interdiction d’antenne, la chanson jugée trop politique. Ferrat refusera de passer à la télé sans elle et patientera deux ans. C’est Yves Mourousi qui l’autorisera, rompant la censure, en 1971.
Plus tard, sur Antenne 2, lors de l’enregistrement d’une émission de Jacques Chancel, Jean Ferrat interprète « Un air de liberté ». La performance de Jean, disparaîtra de l’émission, lors de sa diffusion. La direction de la chaîne a cédé à Jean d’Ormesson, alors directeur du Figaro, qui s’estime diffamé. Ferrat s’explique: « Je n’ai rien contre lui, contre l’homme privé. Mais c’est ce qu’il représente, (…) la presse de la grande bourgeoisie qui a toujours soutenu les guerres coloniales, que je vise à travers M. d’Ormesson ». Finalement le chanteur obtient de lire une déclaration préalable expliquant pourquoi l’émission est tronquée.
Voilà ce qu’il nous manque peut-être, de la poésie, de l’engagement profond, bref, l’artiste lucide. Et ce n’est pas dans ce qu’on nous sert à l’heure qu’il est, aux moyens de médias surannés comme la radio, ou vomitifs comme la télévision, qu’on trouvera de quoi se rassasier, nous autres mongols, qui avons toujours faim de justice et d’idéal.