Archives quotidiennes : 4 janvier 2015

Un Thiéfaine, quel alcool? Ou le calendrier de l' »après »!!

Amis mongols, salutations; et je souhaite que l’année à venir soit pour vous entière; je ne vous la souhaite pas bonne, car au niveau promesses non-tenues, le gouvernement tient la tête. Donc je souhaite que je ne sais quel dieu vous prête vie jusqu’au prochain 1er janvier, c’est déjà pas mal.

En réponse à mon cher confrère, et pour appuyer sur notre admiration commune pour le poète jurassien, je vous suggère ici une playlist de titre d’Hubert-Félix Thiéfaine, chacun se voyant accompagné d’un alcool à consommer durant l’écoute. Bonne dégustation.


 

-Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s’émouvoir.

1) Première descente aux enfers par la face nord.

Cette intro énoncée en latin sent le vin de messe, un petit blanc qui passe bien, mais qui vous emmène dans les tréfonds de votre âme si le calice est trop souvent ramené au mâle. Pour moi, ce sera un Bourgogne Aligoté, sans prétention, pas besoin de plus pour écouter ce titre désabusé.


 

-Autorisation de délirer.

2) Rock-autopsie.

Pour suivre ce joyeux constat de l’aseptisation du rock’n’roll, pareil à Lou Reed qui coupe à l’eau son LSD, laissez moi vous servir un Shivas Regal 12 ans d’âge, on the rocks, un putain de sky, mais noyé sous une tonne de glaçons, histoire de dire qu’on un truc de rocker, la force de l’alcool tuée par la froidure, et les arômes dilués par les cubes de glaces.


-De l’amour, de l’art ou du cochon?

3) Scorbut.

On a tous connu nombre d’écumeurs de bals, à la recherche de filles rurales en mal de tendresse bestiale et furtive. Pour cette chanson, je vous suggère une vodka bien frappée. Alcool de dragueur par excellence, elle ne laisse pas l’haleine de poney que donnerait les ballons de gros rouges, et peu s’accompagner de plein de jus de fruits différents, dont les belles susnommées sont souvent friandes. Et si on pousse le vice jusqu’à boire une Mekeller qui tape dans les 66,6°, ceci peut rendre taré au point de commettre des actes inavouables, du style, enculer un chien.


-Dernières balises avant mutation.

4) 113ème cigarette sans dormir.

Peu de commentaires à ajouter sur ce titre. Ca tire sur tout ce qui bouge, ça sent la haine, le paradoxe, dans ce cas, une bière forte, Leffe Triple, à température ambiante, sans verre. Pas de fioriture, boire vite pour pouvoir rire à s’en faire crever.


-Soleil cherche futur.

5) Solexine et ganja.

Un carburant suranné, une plante tropicale, on sent qu’on va aller loin. Bilan de diverses bitures, ce titre me donne envie de boire du rhum. Bologne et citron vert, ça se boit comme du petit lait, et ça fait pas mal à la tête.


-Nyctalopus Airlines.

6) Un vendredi 13 à 5 heures.

Que boire un vendredi 13 à 5 heures? Une boisson de fin de semaine, un truc qui termine 5 jours de taf et qui nous mettrait un dernier coup de bambou avant d’attaquer le week-end. Un mescal, corrosif, presque arrache-moyeu, qui remet le facteur sur le vélo.


-Météo für nada.

7) Errer humanum est.

Décrivant la condition humaine, ce titre nous rappelle que le voyage reste le propre de l’homme, même s’il cherche bien souvent à se sédentariser.  Je vous dirige vers un vin qui se boit vite, et qui ne tabasse pas trop. Pinot noir d’Alsace, un vin qui va tellement avec tout, qu’il se boit avec rien.


-Eros übber alles.

8) Amants destroy.

L’étreinte haletante, débridée de deux êtres dans une voiture, on voit tous la scène. Il y a des effluves de road-movie, de nuit sans lendemain, de satin froissé…Une Clairette d’Adissan rosée, de fines bulles et du sucre, de quoi faire monter la température.


-Chroniques bluesymentales.

9) 542 lunes et 7 jours environs.

Chanson bilan, qu’on écouterait tard le soir, seul sur un balcon, après un bon repas. A écouter avec une bonne gnôle, une mirabelle de préférence. Ca rappelle la confiture, les échelles dans les arbres et les piqûres de guêpes, une métaphore de la vie, quoi.


-Fragments d’hébétude.

10) Encore un petit café.

On a tous de vrais potes qui nous payent encore un petit café, ces soirs où tout fout le camp. Et moi, mes vrais potes, je les arrose à l’eau de vie de gentiane, c’est âpre et repoussant, mais c’est terriblement bon, comme une relation amoureuse.


-La tentation du bonheur.

11) Psychopompes/métempsychoses & sportswear.

Ils boivent quoi les mecs qui portent des chaussures de sports? Des breuvages softs, agréables, qui ne traînent ni en bouche, ni dans l’organisme, une petite Manzana?


-Le bonheur de la tentation.

12) 27ème heure: suite faunesque.

Ce titre a du choquer nombre de grenouilles de bénitier, à entendre des mots comme « pute » et « chapelle » dans le même ver, beaucoup on du imaginer HFT brûlant dans les flammes de l’enfer. Tout est dit dans ce pavé lyrique et musical de 9 minutes. Assez de temps pour se jeter quelques shooters de Johnnie Walker, le noir.


 

-Défloration 13.

13) Parano-safari en ego-trip-transit (ou comment plumer son ange-gardien).

Les relents de déchéance, d’autodestruction, de limites qui reculent présents dans cette chanson m’évoquent une boisson qui fait mal, qui détruit physiquement, annihile toute forme de pensée, patron, un Ricard!


-Scandale mélancolique.

14) When Maurice meets Alice.

Comme toutes les chansons de tous les artistes qui évoquent leur enfance, celle-ci nous replonge dans notre enfance à nous. Et une partie de mon enfance, comme celle d’Hubert, se situe dans le Jura. Je vous propose, un Jura blanc, Savagnin, 1996.


-Amicalement blues.

15) Spécial ado SMS blues.

On en revient à la jeunesse, Desperados pour tout le monde, les jeunes n’osent plus boire de vrais trucs.


-Suppléments de mensonges.

16) Petit matin 4.10 heure d’été.

Ayant souvent ressenti ce sentiment de ras-le-bol et d’envie de fin, ce titre m’a particulièrement touché. Le whisky-sour évoqué s’impose de lui-même, bien tassé. Laissez moi remplacer le whisky par du bourbon, sensations garanties.


-Stratégie de l’inespoir.

17) Stratégie de l’inespoir.

« L’inespoir, c’est pas le désespoir, c’est l’absence d’espoir, c’est une sorte de lucidité. » (HFT). Dans ce cas, je ne vous propose rien, ou si, n’importe quel alcool de base. Un truc bon, sans être exceptionnel. Le genre de verre qui passe partout, qui ne réjouit personne, mais qui fait semblant de faire le boulot. Qu’on parle de Côte du Rhône, de Label 5, de Smirnoff, de 1664, il y aura toujours ces tanks commerciaux quand le petit artisan se sera flingué en laissant nos verres vides. Lucidité qu’il disait…



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Bror Gunnar Jansson. Nationalité : suédoise. Profession : homme-orchestre. (Par Batiste)

Article créé par Batiste et retranscrit par Dàrio, d’après une rencontre commune.

 

 

Il avait un premier album au compteur et cela faisait des années qu’il tournait en Suède, son pays d’origine… En 2014, Bror Gunnar Jansson a profité de la sortie de son nouveau disque, Moan Snake Moan, pour faire ses valises et prendre le large, direction la France. Après une première tournée qui a duré tout l’automne, le musicien suédois va reprendre les concerts en février prochain, avec entre autres une date parisienne.

 

Son style musical, c’est le blues. Un blues qu’il pratique seul : sur scène, Bror Gunnar Jansson ne peut compter que sur sa guitare, ses éléments de batterie et ses cordes vocales. Son répertoire est plutôt varié, alternant des boogies frénétiques et rugueux qui font taper du pied, des ballades plaintives, une valse psychédélique… Bror Gunnar Jansson n’est pas un excellent guitariste, mais il lui suffit de quelques notes pour transporter le public dans son univers, signe que l’on a affaire à un véritable artiste. Sa voix, reconnaissable entre mille, contribue à ce que ses prestations laissent peu de monde indifférent. Il serait sans doute exagéré de comparer Bror Gunnar Jansson aux plus grands du Delta Blues, mais l’alchimie fonctionne et l’on ne peut que se réjouir de voir la monotonie de notre paysage musical brisée par un tel talent.

 

 

La sortie l’album Moan Snake Moan a été saluée par quelques grands médias, qui n’ont pas manqué de s’émerveiller que l’on puisse faire du blues en Suède. Mais est-ce si étonnant que cela ? Le blues s’est complètement mondialisé. De nos jours, les afro-américains sont peu nombreux à le pratiquer et même à l’écouter, mais le blues a suscité des vocations dans le monde entier, surtout en Europe, mais également en Afrique. De telle sorte que la grande majorité des visages du blues d’aujourd’hui – qui, de fait, n’a plus grand chose à voir avec le blues des origines… – sont blancs. Ce qui est bien plus étonnant, en revanche, c’est que Bror Gunnar Jansson parvienne à introduire sa conception du blues, sans concession, dans les médias français. Et pour le coup, c’est une excellente nouvelle !

 

 

 

 

Les propos qui suivent ont été recueillis le 4 octobre 2014 lors de l’Azimut Festival, à La Pesse (39).

 

 

RMIz : Comment se fait-il que ton dernier album soit sorti sur un label français ?

 

Bror Gunnar Jansson : C’est vraiment une coïncidence. J’ai fait connaissance avec le propriétaire de ce label peu de temps avant qu’on réalise cet album. Au départ mon disque devait sortir sur un autre label, mais ils ont fait faillite, donc je me suis tourné vers Normandeep Blues. Je suis vraiment content de l’avoir fait car Nicolas Miliani, le propriétaire du label, est un gars cool et il fait du bon boulot.

 

RMIz : Tu joues aussi dans un groupe, Serve You Right To Suffer… Quand tu fais des tournées en tant que one-man-band, tu es seul sur la route ?

 BGJ : Parfois je pars vraiment seul, en particulier quand je tourne en Suède. Ici en France, je fais une bonne partie de cette tournée tout seul, mais sur certaines dates, il m’arrive d’être accompagné de Nicolas de Normandeep.


 

RMIz : Quels sont les pays où tu pars en tournée ?

BGJ : Je joue principalement en France et en Suède, pas tellement dans d’autres pays.

 

RMIz : En Grande-Bretagne ?

BGJ : Je l’ai déjà fait mais il y a des années…

 

RMIz : Est-ce que tu aimerais jouer plus ?

BGJ : Je fais suffisamment de concerts. Tu peux toujours en avoir plus, c’est sûr, mais c’est bon, j’ai ce qu’il me faut. C’est cool, je gagne ma vie.

 

RMIz : Ton premier instrument était le saxophone ?

BGJ : En fait, le tout premier instrument dont j’ai joué était le violoncelle et quelques années plus tard j’ai appris le saxophone.

 

RMIz : Quand est-ce que tu as commencé à jouer simultanément de la guitare et de la batterie ?

BGJ : Il y a cinq ou six ans, quelque chose comme ça… C’était une période où je venais juste d’arrêter le saxophone. Et comme c’était l’instrument dont je jouais dans mes groupes de l’époque, je me suis retrouvé sans groupe. Quand j’ai commencé, j’ai réalisé que je pouvais essayer de faire quelque chose tout seul. Mais ça m’a pris du temps pour me sentir libre en jouant plusieurs instruments à la fois.

 

RMIz : De combien d’instruments joues-tu actuellement ?

BGJ : C’est surtout sur la guitare que je me concentre. Ensuite vient la batterie, mais pas de la façon dont on en joue habituellement. J’ai fait de la basse électrique, aussi.

 

RMIz : Quand on écoute ta musique, on ressent un certain nombre d’influences du vieux blues des origines. Le morceau « Moan Snake Moan » fait par exemple penser à du Howlin’ Wolf… Quels sont tes musiciens de blues préférés ?

 

 

BGJ : Il y a tellement de choses… Staple Singers est un de mes groupes préférés. C’est du gospel très brut et bluesy. Mon époque préférée, c’est les années cinquante et soixante : Muddy Waters, Charlie Patton, Blind Willie Johnson

 

RMIz : Est-ce qu’il y a un one-man-band qui t’inspire plus que le reste ?

 

BGJ : Bonne question. Un de mes one-man-bands préférés est un ami à moi qui vit également à Göteborg, en Suède. Son nom de scène est Old Kerry McKee. Il m’inspire beaucoup, car sa musique est totalement différente de la mienne. Il est très bon… C’est dans la veine de 16 Horse Power, mais en one-man-band.

 

RMIz : Tu sembles être très sollicité ce soir, alors que nous sommes au fin fond du Jura. C’est habituel pour toi ?

BGJ : C’est plutôt habituel quand je viens ici, en France. C’est assez marrant de faire des interviews, de parler avec les gens…

 

RMIz : Dans les paroles d’un de tes morceaux, tu évoques la présence d’un serpent à sonnette dans ta chambre… S’agirait-il d’une petite amie ?

BGJ : Non ! (rires) Quand j’écris des paroles, je compose en utilisant des personnages. Donc les thèmes et les paroles n’ont rien à voir avec moi. C’est la plupart du temps basé sur une histoire, un personnage, un cadre, ou quelque chose comme ça. C’est juste des histoires.

 

RMIz : C’est vrai que souvent, dans le blues, il y a des paroles, des personnages, des thèmes qui reviennent d’un morceau à l’autre…

BGJ : En effet. C’est tout à fait ça, j’aime utiliser des références aux vieilles chansons de blues.

 

RMIz : En ce moment, on entend Paul Personne jouer. Tu as vu les balances ? Tu connais ?

BGJ : Non, je ne connais pas. Je pense que je vais aller jeter une oreille.

 

RMIz : Il n’y a pas beaucoup de gens qui font du blues en France et peu d’entre eux sont médiatisés… Paul Personne est l’un des seuls. Et encore, on ne l’entend pas beaucoup dans les médias. J’ai été surpris de te voir en juillet sur Canal+. Comment as-tu fait ?

 

 

BGJ : C’était de la pure chance. C’est grâce à une personne que je connais un peu en France et qui a une émission radio…

 

RMIz : Quel est ton sentiment sur Paris ?

 BGJ : En Suède, il y a neuf millions d’habitants. C’est à peu près autant qu’à Paris… Du coup, Paris, c’est un peu trop gros pour moi.

 

RMIz : Ta musique a plus de succès en France ou en Suède ?

BGJ : Peut-être plus en France, mais depuis peu.

 

RMIz : Comment l’expliques-tu ? En Suède, l’ouverture musicale semble plus grande…

BGJ : Oui peut-être, mais il y a peu de gens, donc ça ne fait pas beaucoup de monde qui écoute ce style de musique. Mais il y a une très bonne scène locale, il y a plein de bons groupes…

Revu en concert à Strasbourg quelques semaines plus tard, dans une ambiance plus intimiste, Bror Gunnar Jansson a rencontré un succès tout aussi grand. N’ayant pas tout son matériel avec lui, il a su adapter son répertoire et proposer un concert relativement différent du premier. On lui souhaite une excellente continuation !

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