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L’Antonnoir : M. BEAUROY, V. TORRRES, T. MORETTI


L’Antonnoir, c’est un lieu, c’est un pari, celui d’un bar de nuit orienté club grungi, selon les allures de son propriétaire Antonin ; c’est le rêve d’une vie pour celui-ci, photographe bisontin qui a réussi depuis le 1er septembre 2017 à reprendre ce lieu qui s’est appelé pendant près de 40 ans Le Cousty.

A tout seigneur tout honneur, voici un entretien réalisé le 25 janvier dans le feu de l’action, faisant office de portrait instantané du lieu et de son hôte : Antonin Borie. Minuit et 46 minutes, un quart d’heure comtois d’entretien avec Anto sur le lieu et ses coulisses, sur fond de set de jazz donc, sur ce lecteur audio ci-dessous..

Antonin à l’œil noir depuis toujours, mais cela ne reflète pas sa générosité en matière de spectacles et de sens de la vie nocturne. C’est ainsi que désormais on l’appelle l’Antonnoir ! Il parle alors de ses amis de la Rodia entre autres choses, de la venue de Filastine, de Hint, The Herbaliser,  en son antre rue de Dole… et enfin des venues prochaines telles The Bellrays

https://youtu.be/as4XZUWwtS4

Ici, dessus, Maher Beauroy, en configuration parisienne en 2017.

Votre humble narrateur y a croisé Maher Beauroy, avec qui se produisaient pour la deuxième fois seulement les locaux de l’étape Tom Moretti à la batterie et Vladimir Torres à la contrebasse. De belles discussions ont été enregistrées à propos du background de l’un, de son actualité et des témoignages des deux autres. Ceux-ci profitaient de Besançon pour se faire la main avant un concert prévu à Montreux la ville du jazz par excellence.

Maher donne un entretien audio, dont il filma une partie via son téléphone pour alimenter son réseau Instagram… Nous retrouvons ses propos, sa présentation, un hommage à Aimé Césaire, comme à ses parents, ou à la Martinique à écouter dans ce lecteur ci-dessous… Seize minutes sympathiques et instructives.

Dans cet entretien il est question d’un autre pianiste avec qui Tom Moretti se produit parfois, dont la carrière débute dans les années 1970, Georges Edouard Nouhel… dont voici un extrait vidéo avec notre batteur préféré.

Ici retrouvons le trio pour un court extrait de cette soirée :

Et nos mercenaires ne cessent de bouger, comme des fourmis dans les jambes..! Bahreïn, Uruguay, Argentine… Voici l’actualité de Vladimir Torres qui emmène avec lui Tom Moretti… Ces deux-ci nous parlent à part à l’occasion de cette date avec Maher. Ecoutez ce reportage de quelques 9 minutes ici ponctué de voyages, de notes musicales (sur fond sonore de Jazz Police, première partie de la soirée) et de conseils musicaux.

Enfin mon coup de cœur issue d’une partie d’échecs avec Tom, McCoy Tyner

Et puis pour terminer galerie photos de la soirée, aléatoirement, Jazz Police, Maher Beauroy en trio… et rues bisontines…
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La guerre ontologique

 Dans l’idéologie moderne, la guerre, c’est ce qui est là, toujours là, mais dont l’existence est incompréhensible, insupportable. Le pari que l’homme a fait avec lui même a été d’éliminer la guerre, et chaque conflit commencé est une « der des der », le dernier affrontement nécessaire pour que survienne l’aire de la paix éternelle. Mais la guerre ne disparait pas. La guerre reste, et restera, même si tout le reste disparait.

 

 [wpe_video]https://www.youtube.com/watch?v=iYJTI3_Ketk[/wpe_video]

 

Il faut porter la guerre en étendard. La guerre, c’est notre fierté, c’est notre insigne. Comme dit « Mafia K’1fry », cette guerre, c’est ma raison de vivre. Il faut penser la guerre, non pas comme ce qui est à éviter mais comme ce qui, d’une certaine manière, nous détermine. Il faut porter le poids de la guerre ontologique.

 

 

La démocratie n’est pas le meilleur, ou le moins pire des systèmes. La démocratie, et son corolaire, le bio-pouvoir, est une grande machine à pacifier, à éliminer les différences. Le projet de ce système est l’homme sériel, ses armes sont la Norme faite flic et la menace des camps, hôpitaux psychiatriques, prisons, chômage pour tout ceux qui ne se soumettent pas à la série. Ce matin, je suis allé à la banque, et l’on m’a baptisé d’un nombre, « D 023 ». Un nombre, à côté d’autres nombres, telle est la société du contrôle, ployant sous une détermination schizoïde de désirs contrefaits, rêvant de transformer les humains qui la compose en une suite de numéros.

 

Cette société moderne invente le genre humain, l’homme comme essentiellement un. C’est qu’elle a peur, cette société, de la violence révolutionnaire de la multitude, du feu qui jaillit du grand jeu des différences. Mais l’homme est un concept vide, qui décrit, toute au plus une certaine disposition physiologique. Ce qui, au delà des manipulations du contrôle, constitue la réalité nue, ce sont des sommes de différences,  une altérité essentielle à la base de tous . Je est un Autre, et chacun est différent de moi. Chaque individu est une énigme. Plus profondément, comme l’a dit Crowley, chaque homme et chaque femme est une étoile. Ou bien un Dieu, un univers. Et chacune de ces étoiles est déterminée par ses propres penchants, est blessée ou grandie par des choses différentes. Et aucune de ces étoiles ne peut se comprendre comme un atome fermé sur lui-même. L’individu est essentiellement un rapport. Rapport entre des forces qui le fondent. La conscience comme enregistrement a posteriori du jeu de ces rapports de forces, de ces « machines désirantes », comme dirait Deleuze, qui ne sont pas enfermés dans le moi, mais se compromettent irréversiblement avec le monde. Lorsque je tombe amoureux, ce sont certaines de mes forces, de mes machines, qui se connectent avec les machines de l’autre.  La relation est une équation telle que 1+1 égalent 3, la connexion de ce toi tellement Autre avec moi, crée des liens nouveaux tels qu’il existe quelque chose de plus, qui n’était pas là avant notre relation. Ainsi, en me jetant dans le monde, et en échangeant avec les planètes hommes qui le peuple, j’accomplis ce qui est le but de l’existence. Je Deviens, j’augmente ma puissance, j’agrandis cette toile qui est ma vie. C’est l’amitié, ou l’amour. Et l’inimité, la guerre, se conçoit comme un rapport où diminuer les forces de l’autre augmente ma puissance. Tiqquun dit que l’intensité des affects qui ont été mis dans les concept d’amitié et d’inimité montre l’importance sociologique et vitale du jeu de la puissance.

Le fonctionnement normal du social, c’est la constitution de machines de guerres, de planètes humaines qui entrent en orbite parce qu’elles ont les mêmes penchants, et créent système. Ce système, ces machines de guerres, ces tribus guerrières, se heurtent avec d’autres systèmes qui ont des penchants antagonistes, foncièrement autres. Ainsi, la guerre, est une manière pour chacune des deux tribus de s’augmenter. Elle n’est pas un besoin d’éradiquer l’autre.  L’ennemi est aussi nécessaire que  l’ami, parfois plus nécessaire, et le guerrier sait aimer son ennemi, lui être reconnaissant pour la guerre qu’il lui offre.

guerruer

On pourrait dire que le jeu politico-énergétique entre  humains, tel qu’il se déploie dans les entrechoquements cataclysmiques des forces qui nous constituent, crée soit des rapports d’amour, au sein d’une même machine de guerre, d’amitié, dans les rapports avec des systèmes alliés, ou de guerre. Ces trois rapports sont tous les trois nécessaires. Ils constituent les possibilités du conflit. Le conflit, c’est cette intensité des forces qui se mettent en rapport, sans cesse et dans toute les directions. Ce jeu politico-énergétique, accès sur l’augmentation de  la puissance de chaque joueur, est le « devenir sauvage », le chaos dansant qui sans cesse agit le monde, et transforme chaque humain en soleil, un processus érotique tendu vers le plus, sans début ni sans fin. C’est le jeu du « multiple pur », affirmation du sans cesse autre – la vie, telle qu’elle s’incarne dans des forces infiniment différentes, toutes parfaitement belles et redoutables.

Il y a un pan négatif à ce jeu. Nietzsche parlerait d' »énergie négatrice », réactionnaire. Il parlerait  d’une passion hypnotique pour la mort, la volonté de mort, le nihilisme sous toute ses formes.  Ce vouloir d’esclave n’est  tendu non pas vers le devenir éternellement liquide des hanches de la déesse et du vin de Dionysos, mais vers la peur d’être, la haine de tout ce qui est trop , trop brillant, trop puissant, trop lumineux, et la volonté de faire de la vie une petite prison dorée, avec juste assez de lumière qui passe entre les barreaux pour pouvoir haïr le soleil. Et cette volonté de mort, ou de conservation d’une vie atrophiée, est partout triomphante. Elle a mise au bagne tout les joueurs, tranche les talons de tout les danseurs. Le conflit horizontal c’est transformé en pouvoir vertical d’atténuation des rapports de forces, en réseaux tentaculaires de cellules cancéreuses qui mangent chaque parcelle du jeu énergétique sain. Qui dénoyaute les machines de guerres, déconstruit les réseaux de solidarités informels, et instaure à leurs places un fantôme d’égalité, une éthique molle d’esclave humaniste, un océan de fantômes indistincts, sans formes ni vie, en permanence contrôlés et se contrôlant les uns les autres, pour que le djihaad, la guerre ontologique, n’apparaisse jamais. Cracher sur la vie, sur la terrible, violente et belle vie multiple et chaotique, et en faire une espèce de camps de rééducation, projet de pacification à code barre. 

Visuel

 C’est pour cela que la cible du contrôle, son pire ennemi et l’objet de sa propagande télévisuelle, ce sont tout ces groupes qui ont su garder, ou se constituer en machines de guerres – Roms, gangsters des cités, rebelles afghans, squatteurs, punks – … Partout où la solidarité, l’amour et les coups de savates se diffusent à l’horizontal, sans qu’il  n’y est besoin de patron ou de processus bureaucratique pour gouter au sang rouge comme du vin et sentir la chaleur du soleil. Et là où auparavant on rencontrait une sorte d’éthique guerrière, du respect pour l’ennemi qu’il faut conserver comme part du jeu  politico-énergétique, il n’y a plus qu’une froide volonté d’extermination. L’extermination, le génocide, c’est la guerre du contrôle, sa manière de traiter ce qui fait obstacle a son projet de pacification universel.

 

Il faut remplacer la solitude ontologique qui est le propre du contrôle, arrêter d’être cet humain sans qualité, et porter la guerre . Affirmer sa différence, non plus comme cette tare qui nous empêchera à tout jamais d’avoir ce taf tant désiré, mais comme le plus bel hommage fait a la vie, goutte de rosé qui tombe du sexe de la déesse et nous féconde. Partir de cela, remplacer la honte et l’esprit de vengeance par une affirmation solaire, c’est aller nu vers un signe, c est être enfin vrai, Dionysiaque. Affirmer l’événement qui ne manquera pas de venir comme synthèse parfaite de la danse du chaos. Ployer de toute sa puissance vers cet événement, et ainsi, rencontrer des frères ou des sœurs pour s’organiser en réseau de malfaiteurs. Les rencontrer, comme par chance, au détour d’un carrefour, ou d’un bar tard le soir. Car la chance , comme le disait un ami, ce n’est jamais qu’une question de puissance.

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